Pédagogies de l’échec
- Pierre Notte
- Antonio de Carvalho
- L’Aiglon
- Julian Watre : Supérieur Clara de Gasquet : Assistante de direction
résumé
Au septième étage, dans des bureaux dont il ne reste rien, ni cloisons ni fenêtres, deux individus se plient aux lois de la hiérarchie. Tout autour d’eux est tombé, un tremblement de terre, un virus, une catastrophe ou un conflit mondial, peu importe. Un monde en ruines, et dépeuplé. Mais ils sont là, ils poursuivent, ils continuent le travail, tentent de produire du travail dans le vide et entourés de trous. Ils se soumettent aux rôles professionnels, le pouvoir et l’immunité du supérieur, et la servilité et l’irresponsabilité de la subalterne. Avec mauvaises fois, rancoeurs, jeux d’humiliations, mises à l’épreuve, jalousies, désirs, aspirations. En bas, on monte des échafaudages, dont le coût de la location a précipité dans la faillite la boîte qui les a loué pour une reconstruction hypothétique. C’est dans cette boîte précisément que travaillent les deux individus, mais à présent désoeuvrés, sans objectif, ni projet, si ce n’est celui de « continuer toujours à travailler ». Pédagogies de l’échec, c’est une comédie féroce de la vanité de l’action et des rôles imposés, de la théâtralité des catégories socio-professionnelles, qui veulent tenir le coup, encore et malgré tout, dans un univers aveugle quant à sa propre érosion, sa pathétique dégringolade.
presse
« L’écriture de Pierre Notte raisonne à point nommé… » Charlie Hebdo
« Pierre Notte flirte avec un absurde débridé comme peu de nos contemporains. » Télérama
« Pièce à l’humour décapant » JDD
« Deux personnages irrésistiblement décapants imaginés par Pierre Notte » Le Parisien
« Le superbe texte de Pierre Notte touche à l’absurde. » Vaucluse
« Pierre Notte croque avec férocité nos errements ultra-contemporains. » Télérama
note d’intention
« Au fil de l’écriture, j’ai toujours répondu à des préoccupations immédiates, à des impératifs d’écrire et de décrire un monde qui me questionnait. « Moi aussi je suis Catherine Deneuve » évoquait la famille, alors que « Journalistes (petits barbares mondains) » abordait l’univers professionnel. « Deux petites dames vers le Nord » m’a permis de me confronter à la question du deuil et de la réconciliation tandis que « Se mordre » abordait directement celle du rapport de force entre les êtres, qui est une problématique commune à toutes mes pièces.
« Pédagogies de l’échec » répond à une interrogation quant à l’inscription parfois jusqu’à l’extrême du travail dans nos emplois du temps et dans nos existences. J’ai éprouvé ce sentiment violemment quand je suis entré comme pigiste à la rédaction de L’Événement du jeudi, avant de devenir rédacteur en chef du magazine Théâtres. Je l’ai éprouvé encore plus violemment quand j’ai été secrétaire général de la Comédie Française ou artiste associé au Théâtre du Rond-Point, où la question du rapport hiérarchique et de domination s’est posée de manière plus accrue : je travaillais sous les ordres d’une direction et je dirigeais d’un autre coté une équipe importante. J’étais pris en étau dans une relation parfois passionnante, parfois douloureuse.
« Pédagogies de l’échec » n’est pas une pièce absurde, elle est très concrète. C’est le scénario d’une aventure humaine composé de manière presque vériste, qui propose un théâtre très réaliste dans des situations irréelles. C’est une pièce très simple, terriblement cohérente, qui se joue dans un monde absurde. Je suis dans l’écriture comme occupé par un sujet, et j’écris un théâtre qui a besoin de trame, d’histoire, de faits divers, d’anecdotes, de récits, d’une aventure humaine.
Et s’il y a un propos dans cette pièce, il ne réside jamais dans la psychologie ni dans la sexualité des personnages, mais dans la mise en place des êtres qui vont éprouver un rapport hiérarchique et vouloir maintenir le pouvoir sur l’autre. Les rôles sociaux sont distribués au départ entre le dominant et le dominé, mais ne vont cesser de s’inverser. Être ensemble ici signifie : qu’est-ce qu’on fait de l’autre quand il ne reste que cela ? Et comment se fait-il que, toujours, la hiérarchie revienne ? Existe-t-il une relation – dans le travail ou dans l’amour – qui puisse exister sans pouvoir ?
L’exercice du pouvoir est fascinant et complexe à observer et il est systématiquement générateur de destruction. Les gens qui sauraient exercer le pouvoir sans qu’il soit nocif seraient d’ailleurs incapables d’envisager de l’obtenir. De même qu’il n’existe pas de famille sans violence, sans catastrophe et sans faille, il n’existe pas de pouvoir sans mise à mal. Le monde du travail peut-il échapper à la question du pouvoir ? L’étymologie du mot travail est d’ailleurs très parlante, puisqu’elle fait référence à la torture.
La pièce a été écrite en 2014 mais résonne terriblement différemment lorsque qu’on la relit aujourd’hui, après l’épisode pandémique dont on subit encore tous les conséquences dans nos vies quotidiennes. Tout notre rapport au monde, aux autres, au travail, et peut-être aussi à la hiérarchie ou à la hiérarchisation de nos priorités a été chamboulé. Remonter cette pièce aujourd’hui me semble donc d’une essentielle nécessité. »
(Propos recueillis pour l’Avant-scène Théâtre)
extrait
« – certains auraient continué à travailler quand même, comme s’ils ne s’étaient rendu compte de rien
– ah bon
– sans argent, sans salaire, sans outils de travail, ils auraient continué à travailler, à « faire du travail » pour ainsi dire, et autour d’eux, on aurait commencé à monter des échafaudages, pour faire des travaux – des travaux de reconstruction
– oui, sauf qu’il n’y aurait aucune reconstruction prévue ni possible, vu qu’il n’y aurait plus d’argent du tout et pour rien
– ah bon
– mais des sociétés auraient quand même loué des échafaudages, pour faire de l’argent, on louerait des échafaudages qui coûteraient un max de fric à tout le monde au coeur d’une ville saignée à blanc par un tremblement de terre ou une catastrophe du même genre – ah oui, c’est tout un système »
l’équipe
Pierre Notte, auteur, metteur en scène
Il est auteur, compositeur et metteur en scène. Dès 1990, à vingt ans, il monte « La Ronde » de Schnitzler, puis ses propres textes « La maman de Victor », « L’ennui d’Alice devant les arbres ». Il devient animateur dans un centre de loisirs, journaliste, écrivain, pédagogue, intervient dans les collèges et les lycées, puis fonde sa compagnie Les Gens qui tombent en 2013. Il met en scène ses textes, « Sortir de sa mère » (avec le soutien de la Drac île de France), « C’est Noël tant pis » ou « Sur les cendres en avant ». Pierre Notte a écrit, mis en scène et interprété « L’Effort d’être spectateur », son essai et hommage au théâtre et à son public, en tournée depuis trois ans. Il a signé notamment « Mon père (pour en finir avec) » ; « Je te pardonne (Harvey Weinstein) », cabaret représenté avec le soutien de la Drac Île de France ; « Mauvaise petite fille blonde », « L’Homme qui dormait sous mon lit », « Deux petites dames vers le Nord », « Moi aussi je suis Catherine Deneuve », « Pour l’amour de Gérard Philipe », « L’Histoire d’une femme », « Les Couteaux dans le dos »…
Il a mis également en scène les textes « Jubiler » et « La Magie lente » de Denis Lachaud, « Un certain penchant pour la cruauté » de Muriel Gaudin ; « Kalashnikov » de Stéphane Guérin, « Noce » de Jean-Luc Lagarce ; « Ul » de Taylor Mac. Pierre Notte a été secrétaire général de la Comédie-Française et auteur associé au Théâtre du Rond-Point. Il est Chevalier dans l’ordre des arts des lettres, il a reçu le Prix SACD du nouveau talent pour le théâtre, le Prix Émile Augier de l’Académie Française, prix Le Figaro Beaumarchais / SACD de l’auteur, le Topor 2020 des Grandes victoires, le Prix Théâtre 2021 Fondation Oulmont/Fondation de France. Ses romans « J’ai tué Barbara » ; « Quitter le rang des assassins » et « Les Petites victoires » ont été publiés aux éditions Philippe Rey et aux éditions Gallimard dans la collection Blanche.
Julian Watre, comédien, producteur
Sa formation est passée par les cours Jean-Laurent Cochet, les stages de Xavier Laurent : Méthodes américaines ( Strasberg, Meisner, Adler) et la troupe de Térésa Massé. A joué au théâtre dans Un Mari Idéal d’Oscar Wild, Le Dindon de Georges Feydeau, et la Trilogie de la Villégiature sous la direction de Térésa Massé. Le Plaisir de Rompre de Jules Renard et La Mégère Apprivoisée de William Shakespeare sous la direction d’Henri et Frédérique Lazarini. Mariage à l’Italienne d’Eduardo di Fillipo sous la direction de Patrice Marie. Il crée en 2020 sa propre compagnie de théâtre « L’Aiglon » et monte Trois Ruptures de Rémi de Vos. A tenu des rôles dans des séries télévisés, comme Les Mystères de l’Amour, Au nom de la Vérité, 10 Pour Cent et Versailles, ainsi que dans plusieurs courts métrages, dans Valerian sous la direction de Luc Besson et mannequin dans un spot publicitaire 2022 pour Chanel. Julian Watre est aussi chanteur. Il s’est produit avec son ex groupe, Gold Diggers, à La Boule Noire, Le Batofar et La Cigale.
Clara de Gasquet, comédienne
Cette petite blonde, pétillante et débordante d’énergie, vient de Marseille, elle est arrivée à Paris il y a quelques années pour faire de sa passion son métier. Elle a intégré Les Enfants Terribles en 2017 sous la Direction de Jean Bernard Feitussi avec comme intervenants Florence Pernel, Éric Viellard, et Gil Galliot puis en 2018 elle rentre au Conservatoire du 9 ème arrondissement de Paris avec comme professeur Jean-Marc Popower.
Elle a également fait un passage au Studio Muller en 2021. Comédienne de théâtre, elle a joué pendant 8 mois «Oscar» de Claude Magnier à la Comédie Saint Michel puis «Trois Ruptures » de Rémi Devos au côté de Julian Watre. Elle a également joué en anglais dans une création de Valentine Allen en 2021 « Baby won’t sleep that well » Elle commence à faire ses preuves aussi à l’écran, dans « Poupées de chair» pour Canal + de Florence Rochat et Séréna Robin ; « L’amour presque parfait » pour Netflix de Pascale Pauzadoux ; « Crime à Ramatuelle » de Nicolas Picard-Dreyfus pour France 2 ; Elle a dernièrement tourné dans « Tout cela je te le donnerai » de Nicolas Guicheteau et prochainement elle jouera dans la série télévisée « Marianne » .
Antonio de Carvalho, créateur lumières
En 1970, Antonio de Carvalho débute avec les spectacles Hair et Jésus Christ Superstar. Il signe ses premières conceptions en 1975. Suivront celles d’une cinquantaine de concerts dont ceux de James Brown, Julio Iglésias, Nana Mouskouri, Indochine… ; des one-manshows de Pierre Palmade, Michel Leeb… ; des comédies musicales Shrek le musical, Footloose, Frankenstein Junior, Lili Lampion, Merlin, Roméo et Juliette… ; des opéras Les Noces de Figaro, La Flûte Enchantée, Carmen… ; du cirque Festival Mondial du cirque de demain Paris/Montréal , Cirque Phénix et d’une centaine de pièces de théâtre dont Je te pardonne (Harvey Weinstein) ; Les Couteaux dans le dos ; Country music ; Résister c’est exister ; Moby Dick ; Pygmalion ; La Reine de Beauté de Leenane ; Night in white Satie ; La Nostalgie des Blattes…
Il est aussi directeur de la photographie d’émissions de télévision dont le Midem à Cannes, des émissions de variétés de TF1, directeur de la lumière pour les spectacles de stars de variétés françaises et internationales dont Jean-Michel Jarre, Johnny Hallyday, Michel Sardou, Diana Ross, Charles Aznavour ou encore Ray Charles…